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Au début étaient les rochers
Les parcours des rivières Mattawa et des
Outaouais suivent une faille majeure de la croûte
terrestre à travers le Bouclier canadien,
l’une des plus importantes formations rocheuses
du Canada. L’âge des roches qui tapissent
les berges de ces rivières varie entre 600
millions et 4,2 milliards d’années.
Elles ont pris naissance au moment où les
continents sont entrés en collision et les
magmas ont jailli du noyau terrestre en fusion.
En refroidissant, les roches se sont cristallisées
en des formations dont la taille diffère.
Plus récemment, au cours des 10 000 dernières
années, les glaciers ont éraflé
et érodé la roche du Bouclier canadien.
Les mouvements des glaces et de l’eau ont
déformé certaines montagnes pour en
faire de hautes collines arrondies, comme on peut
le constater dans la région de la Mattawa,
et ont laissé complètement dénudés
d’autres parois rocheuses et affleurements
irréguliers. Le retrait des glaces a laissé
dans son sillage une mince couche de blocs arrondis,
de silt, de sable et d’argile.
La quantité d’eau libérée
par la fonte des glaciers était telle qu’avant
que la terre ait pu l’absorber les Grands
Lacs avaient coulé vers l’est, en passant
par la région de la Mattawa, et plusieurs
lacs et cours d’eau s’étaient
formés, dont l’immense bassin hydrographique
de la vallée de la rivière des Outaouais. |
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Au confluent de deux rivières
La région de la Mattawa, jadis couverte d’épaisses
nappes de glace ayant retraité vers le Nord
il y a dix mille ans, n’a été
peuplée que plusieurs milliers d’années
plus tard. Les peuplades de l’Archaïque
du Bouclier de la période préhistorique
tardive [500-1600 ap. J.-C.] ont occupé ces
terres avant l’arrivée des Européens,
comme l’indiquent des outils en pierre, des
pointes de flèche et des pierres fissurées
par l’action du feu. Ces artefacts révèlent
l’étroite communion de ces peuples
avec le monde naturel dont ils dépendaient
pour leur survie : leurs existences étant
axées sur la chasse, la pêche et la
cueillette. Selon la légende, cette terre
était également celle de nombreux
esprits importants qui avaient élu domicile
dans les escarpements et les parois rocheuses de
ces rivières.
Bien avant l’arrivée des commerçants
de fourrures français et anglais, le point
de jonction des rivières des Outaouais et
Mattawa était également l’endroit
où les Amérindiens se rassemblaient
naturellement pour pratiquer le troc. Cette «convergence
des eaux » est devenue une destination importante
des Cris du nord, des Hurons du sud et de l’ouest
et des Algonquiens de l’est.
En fin de compte, le commerce des fourrures marqua
le début d’une période de 300
ans de bouleversement pour les peuples autochtones.
Les alliances avec l’une ou l’autre
des deux puissances européennes ont suscité
à la fois des occasions et des conflits,
transformant à tout jamais leur mode de vie
nomade. |
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